Vietnam, le charme discret… d’une aventure !
Saigon
Arrivée à Saigon. Oui je sais, aujourd’hui on dit Ho Chi Minh… Mais je trouve que Saigon a beaucoup plus de charme et sonne mieux non ? Et puis la nostalgie des années 70 aussi… La belle époque… En quelle année je suis née ? 1984 pourquoi ? 😉😂
Plus de 9.000.000 d’habitants à Saigon, rien que ça ! (oui oui, j’ai bien recompté les 0). De quoi donner le tournis ! On avait lu qu’on risquait sa vie à chaque traversée de rue avec les milliers de deux-roues. Et bien c’est totalement vrai ! D’autant qu’ils se comptent en millions et pas en milliers, les deux-roues ! L’idée de survie étant de trouver d’autres gens qui traversent en même temps que toi et de t’en servir comme bouclier humain. Oui c’est moche, je sais 🙄🤫.
C’est fou d’ailleurs ce qu’on peut voir sur un deux-roues : 1, 2, 3, 4 personnes, des bébés, des enfants (sans casque évidemment), des filles assises en amazones, des chiens, des cages, des vélos, des commerces ambulants… et j’en passe !
Après les visites du marché Ben Thanh et du Palais de la Réunification, j’ai surtout aimé Saigon by night ! Une tout autre ambiance. La ville est illuminée et elle déborde de vie, sans pour autant nous faire suffoquer, malgré la touffeur.
Une fois de plus, on débarque à l’improviste dans un pays qui est en fête ! Le Têt (Nouvel an chinois au Vietnam) se termine et l’ambiance est encore festive.
Toute la ville est décorée et illuminée. Elle résonne encore des vibrations de la cérémonie la plus importante et sacrée des Vietnamiens.
Et quel plaisir de manger vietnamien ! Pour ça notamment, je m’étais réjouie de changer de continent parce que l’Amérique du Sud ne nous a pas franchement transcendés au creux de l’assiette (à part le ceviche bien sûr !). Le gros plein de poisson cru, de lait de coco et de fruits en Polynésie a été pour moi un pur bonheur, mais en dehors de ça, la gastronomie est plutôt compliquée et très chère en Polynésie. Puis une nourriture classique et sans surprise en Nouvelle Zélande (bien qu’on se soit régalés en cuisinant dans la micro-cuisine de « Sky le van »). Au Vietnam, la nourriture est délicieusement exotique et saine, et en plus, elle ne coûte presque rien, c’est encore meilleur du coup 😅.
Bienvenue sur le continent des gens minces !! Ça faisait bien longtemps que nous n’avions pas vécu cette tendance 😅. Même les cafards étaient tout mignons. Des cafanounets, sveltes, environ 50 fois plus petits que ceux, en obésité morbide de Polynésie 😂. Par contre, les rats, eux, étaient particulièrement énormes !
Ici l’anglais sert vraiment très peu et son utilisation se limite aux restos les plus « branchés » des grandes villes. Et évidemment, plus personne ne parle français ! Rappelons que le Vietnam a bien 25 ans de retard sur le tourisme par rapport à la Thaïlande notamment. Il faut donc savoir s’adapter et parer au plus urgent : gà, bò, pho, com, bùn… Evidemment, il s’agit de termes culinaires 😋. Ensuite seulement, la politesse : cám on (merci) et xin chào (bonjour) 😉. Et merci les photos de plats dans les restos locaux, même si elles ne garantissent jamais complètement ce que tu vas avoir dans l’assiette 😅.
Une jolie Saint Valentin au restaurant Rice Field à Saigon. Mention spéciale pour la salade de pamplemousse/crevettes aux saveurs vietnamiennes. Spécialité locale d’escargots de mer farcis pour Eric.
Premier bus vietnamien, pour rejoindre Can Tho. Merveilleux, je veux vivre dans ce bus 😊. Des couchettes, ni plus ni moins, pour un trajet de seulement 2h30 ! J’en aurais voulu 24 des heures dans ces conditions 😊. Je comprends mieux pourquoi on a du enlever nos chaussures à l’entrée du bus ! Et tout ça pour 6 € !
Et moi qui croyais ne voir ça qu’à Singapour !! Visiblement, les Vietnamiens les craignent aussi 😂.
Dans les hôtels, les restos et les transports publics, amende à la clé !
J’ai généralement peu de peurs relatives à mon enveloppe corporelle. Toujours partante pour des défis sportifs, des expériences à sensations, des rencontres rapprochées avec des animaux… Allez GO, c’est parti mon kiki !
En revanche, je suis beaucoup moins hasardeuse avec les expériences qui touchent l’intérieur de mon corps. Je prends grand soin de le préserver en évitant soigneusement les expériences culinaires douteuses notamment.
Par exemple, NON, je ne goûterai JAMAIS les Hôt vit Iôn dans les rues de Can Tho ! Quelle horreur 😱. Rien de moins qu’un fœtus de cane ou de poule cuit à la vapeur et dégusté en amuse-bouche…
Je voyais bien que ces œufs troués étaient louches…
Tellement de choses douteuses et inexpliquées… Je joue donc le plus souvent la carte du végétarisme. Je me régale en limitant les risques et je savoure du regard mes amis les bêtes (vivantes).
Mention spéciale pour le Lighthouse où nous avons passé une délicieuse soirée en nous régalant de spécialités du Mékong et notamment d’une salade de mangue verte aux crevettes, agrémentée d’herbes fraiches et de cacahuètes. Mmmm un délice ! (oui je sais, la crevette est aussi un animal mais il faut savoir rester flexible 😉).
Vouloir éviter le marché flottant ultra touristique de Cai Rang, choisir celui, plus petit et plus authentique de Phong Dien, y aller par nos propres moyens, dire bonjour, marcher, marcher, demander notre direction, dire bonjour, marcher, dire bonjour, demander notre direction, marcher, marcher, ne pas trouver le marché flottant, se résigner à rentrer…
Mais… se rendre compte qu’il n’y a pas de pont pour traverser le bras du Mékong qui est censé nous ramener vers la route avant, ouh un sacré bout de temps à pied… découvrir une petite allée dans la végétation… voir quelques personnes qui attendent avec leurs scooters… dire bonjour… attendre aussi (un truc va se passer, c’est sûr…). Voir arriver « un petit bac local de fortune »… dire bonjour… embarquer… et rentrer sans avoir vu le marché flottant mais en ayant emprunté « un petit bac local de fortune ». C’est bien aussi 😊.
A Long Xuyen, pause improvisée pour aller voir le marché flottant ! On va y arriver cette fois ! Levés à 5h, on veut savourer le lever du soleil. Direction le marché, déjà bien agité. Très peu de touristes ici mais on est très vite alpagués pour un tour en bateau. On embarque. C’est calme sur l’eau, on est seuls sur la barque avec notre pilote, c’est paisible.
Ici aussi l’activité du marché n’est plus du tout ce qu’elle était mais c’est agréable. Des gens vivent sur leur bateau, souvent fleuri et aménagé simplement. Essentiellement des noix de coco à vendre. Une boule rouge incandescente émerge dans le ciel nuageux. Je songe à ce que cet endroit devait être avant. Je me sens étrangère et complètement à la surface de cette culture si éloignée de la nôtre. Je me questionne beaucoup sur notre façon de voyager. Malgré nos sacs à dos et notre absence totale d’organisation, j’ai l’impression que nous ne faisons que survoler les choses et ça me mine un peu parfois.
Le retour sur la terre ferme est un peu oppressant ! Les berges sont un véritable dépotoir, recouvertes de déchets. Beaucoup finissent à l’eau et se coincent dans les plantes flottantes. Ça me rend triste. Le marché de rue est bondé, les scooters se faufilent et frôlent les poissons qui agonisent à même le sol ou dans un fond d’eau dans des bacs. Les odeurs de viande et de poisson me saisissent et me donnent des hauts le cœur. J’accélère le pas, pressée de rejoindre les fruits, légumes, herbes aromatiques et fleurs. J’y suis plus dans mon élément. Eric aura eu la délicatesse de m’éviter le stand « chien »… Merci beaucoup… 😱
J’aime les soirées vietnamiennes. Le soir, tout est tellement différent. Tout est encore illuminé des décorations festives du Têt. Ça grouille toujours mais à la nuit tombée, tout me semble différent, moins pressant, moins oppressant. Il y a du monde partout, c’est très animé et convivial. On a l’impression que les gens ne vivent pas chez eux. Quand nous rentrons le soir, les rues sont encore pleines. Et quand nous partons de très bonne heure le matin, les rues vibrent déjà d’animation.
Les trottoirs sont encombrés de milliers de deux-roues, mais aussi de tables et de chaises miniatures en plastique coloré où les gens s’installent pour boire un verre ou manger, dans une chaleureuse ambiance de pot d’échappement ! Une expérience… Mais du coup, toi, pauvre piéton, tu te retrouves à marcher sur la route et donc, à risquer ta vie 😅. Une expérience aussi 😉.
A Chau Doc, visite du village flottant aux premières lueurs du jour ainsi que de la petite communauté musulmane Cham qui tisse encore. Essayer, envoyer valser la bobine, 1 fois, 2 fois, 3 fois, et me dire qu’il me faudra encore un peu d’entraînement si je veux percer dans le métier (à tisser ! Ha ha 😂).
Quand Eric cache trop bien nos passeports dans le frigo de notre chambre et qu’ils sont tellement bien cachés qu’il les oublie… ou comment passer une journée dans le bus, mais sans avancer… Prendre le bus, se rendre compte de l’oubli au bout de 3 heures de route, paniquer, arrêter le bus, descendre du bus, attendre le bus qui nous ramènera sur nos pas, paniquer encore un peu, attendre, rejoindre notre chambre au bout de 4 heures, retrouver nos passeports, reprendre une nuit sur place pour se remettre de nos émotions et se dire qu’on n’a bien mérité un bon apéro ! Demain est un autre jour 😉.
Hanoi
La « ville au-delà du fleuve », d’environ 7.000.000 d’habitants (seulement…). La capitale du Vietnam.
A l’autre bout de ce pays tout en longueur, changement radical de décor, et de météo ! Au revoir chaleur humide étouffante du Sud, bonjour pluie et fraicheur du Nord.
Bienvenue à Hanoi ! Plus charmante et authentique que Saigon, en termes d’architecture et d’ambiance mais il semble qu’elle soit aussi beaucoup plus touristique !
Des boulangeries « presque françaises » ! Eric est aux anges !
On a fait la célèbre « rue du train » dans le quartier du vieux Hanoi. Cette fameuse toute petite rue où le train passe à 50 cm de nous. Malgré la présence exclusive de touristes, c’était sympa en soirée, dans la ruelle tout éclairée.
La loi des scooters rois règne en maître ici aussi, peut-être même plus encore que dans le Sud. Concentration de tous les instants indispensables à la survie du piéton. D’autant que comme les Mexicains, les Vietnamiens semblent tous être atteints de daltonisme (feu rouge, feu vert, c’est tout pareil !).
Notre voyage continue mais je sens que quelque chose cloche pour moi. 10 jours que nous sommes au Vietnam et je n’ai encore rien ressenti de spécial (à part dans l’assiette bien sûr 😉). Trêve de plaisanterie… Je suis on ne peut plus sérieuse sur ce coup-là. Je ne m’émerveille plus autant, je ne vibre plus comme avant. Et ça me rend triste. Est-ce le lot de tous les tourdumondistes à un moment du voyage ?
Je me sens étrangère, touriste parmi les touristes, et j’ai l’impression de tout survoler avec une sensation d’inabouti. Faire le tour « des trucs à faire absolument » m’horripile. Ça devient viscéral. Bien que je ne me sois jamais vraiment retrouvée dans ce style de voyage, là c’est trop et il devient urgent pour moi de voyager autrement. J’ai besoin d’un objectif, d’un but, d’une aventure, quelle qu’elle soit.
Une autre évidence m’apparaît aussi, j’ai besoin d’autonomie dans le voyage, gage de liberté. Après notre expérience néo-zélandaise avec « Sky le van », il est drôlement difficile de revenir à un circuit plus classique. J’ai sous-estimé mes envies et mes besoins. Je ne veux plus emprunter le même chemin que tout le monde. Je ne peux plus. Ajoutez à ma quête d’autre chose, ma lecture actuelle, « Le Miroir de Bali » de Linda Bortoletto, qui marche, seule, à travers la nature du monde, escalade les montagnes, traverse les jungles, bivouaque, rencontre, médite, écrit, communie… Tout ça me secoue et je m’en ouvre à Eric, qui a bien senti que quelque chose n’allait pas.
« Chéri, j’aimerais qu’on loue des motos et qu’on parte à l’aventure tous les deux à travers le Vietnam ! Partant ? Le Vietnam n’est-il pas le pays idéal à sillonner à moto ? »
Eric se met en quête d’une agence de location sérieuse. Merci pour ton soutien Chérinou ❤️.
Il faut savoir qu’en tant que voyageurs au long court, nous avons plus de contraintes que les simples vacanciers. Notamment, la Sécu ne nous assure plus au-delà de 3 mois de voyage. Il nous a donc fallu souscrire à une assurance voyage qui a pris le relais. Sauf que… ces assurances sont strictes et restrictives. Pour le cas des motos par exemple et alors que nous sommes tous les deux titulaires du permis moto gros cube, nous ne sommes pas assurés au-delà de 125 cm3 et un contrat en bonne et due forme est indispensable pour une prise en charge en cas d’accident. Autant dire que ce n’est pas forcément gagné vu l’absence relativement globale de formalisme au Vietnam. Mais Eric tient à respecter les règles, « on ne sait jamais » me répète-t-il, et il a sans doute raison.
A quelques pas seulement de nous, dans le vieux centre d’Hanoi, nous poussons la porte d’une agence de location (juste parce qu’on trouvait les motos pas mal sur le trottoir). Intuition de compète ou simple chance (j’opte pour la première option…) parce que non seulement le gars qui nous accueille à une bonne tête, mais en plus il est Français ! Ce qui va évidemment grandement nous simplifier la tâche de la paperasse.
Grâce à Stéphane, tout devient très simple. Il est motard et vit au Vietnam depuis 4 ans. Il nous conseille un itinéraire sur 2-3 semaines, nous briefe sur les aspects du voyage à moto à connaître, nous explique les erreurs à ne pas commettre, nous prête un peu de matériel… Je suis attentive comme une élève amoureuse de son prof (sauf que je ne suis pas amoureuse, et que Stéphane n’est pas mon prof 😂).
Nous choisissons donc nos montures, qui, avec leurs 110 cm3 à peine, ressemblent plus à des scooters qu’à des motos, mais ça fera le job et je suis aux anges ! Excitée comme une enfant qui a reçu son joujou pour Noël ! C’est merveilleux, je fais sans doute partie des personnes pour lesquelles la magie opère toute la vie. Je suis de ceux qui se réjouissent beaucoup, pour des toutes petites choses parfois, qui sautillent de joie et poussent des cris d’excitation avec les yeux brillants. Oui oui, je me demande moi aussi parfois si je n’ai pas toujours 6 ans. L’aventure nous attend et je trépigne déjà de fixer mon baluchon sur mon porte-bagage.
On a réduit nos affaires d’une bonne moitié et on s’est équipés en SUR pour affronter le mauvais temps (SURveste, SURpantalon, SURchaussures, SURgants). Les pleins sont full, les casques sont bouclés, le pipi est fait ! On est fin prêts !!! On part pour sillonner le Nord Vietnam à moto, une belle boucle d’environ 1 500 km sur 2 à 3 semaines. J’ose à peine y croire. Je suis tellement heureuse qu’on ait sauté le pas !
Mais d’abord, traverser Hanoi pour en sortir ! Sous la pluie ! En affrontant les milliers d’autres deux-roues qui ont autrement plus l’habitude que nous, et surtout que moi, qui n’aie pas conduit de deux-roues depuis… ouh… bah oui au moins tout ça… Je précise aussi que nos petites motos qui ressemblent à des scooters ont quand même des vitesses à passer ! Potentielle difficulté supplémentaire pour moi.
Même pas peur, bien au contraire ! Je sautille sur place comme un boxeur avant le combat ! Je me sens prête et plus que motivée ! Surtout je sens la liberté m’ouvrir ses bras et c’est merveilleux. Mais on reste concentrés ! Premier challenge, ne pas mourir au premier croisement au bout de la rue 😅.
C’EST PARTIIIIIII !
Je prends très vite le pli avec ma motonounette. Je suis Eric qui est en charge du GPS. Moi je m’occupe de passer mes vitesses, d’enlever mon clignotant qui clignote encore longtemps après que j’ai tourné, d’essayer d’enlever l’eau de ma visière et accessoirement, de rester en vie.
Stéphane nous a dit, quand tu te fais klaxonner, c’est que tu vas te faire doubler, tu ne sais juste pas par où…
Ok chef, compris ! Je vais donc tout de suite créer mes propres codes klaxon.
En résumé, quand je klaxonne, ça veut dire (et ça peut être cumulatif) :
– je vais te doubler
– pousse toi
– c’est moi qui passe
– dégage
– toi tu t’arrêtes tout de suite
– ohhhh pourquoi tu roules à contre sens toi ??
Souvent je joins la parole à mon klaxon mais je crois que le klaxon a quand même plus de voix… 😅
J’ai aussi voulu créer des codes klaxon avec Éric pour se dire :
– tout va bien
– j’ai faim
– j’ai froid
– j’ai mal au cul
– j’ai un truc qui démange dans le dos
– je dois faire pipi
– j’ai une crampe à l’annulaire
– ma cape de pluie fait parachute
– …
Mais il m’a confié que ça lui semblait compliqué… Moi je crois surtout qu’il ne voulait pas faire d’efforts de mémorisation… Y’en avait une vingtaine à peine pourtant… 😂
Quoi qu’il en soit, la règle d’or est qu’il ne faut pas hésiter. Il faut y aller franco et suivre le mouvement. Si tu hésites une seconde (qui sera de trop), c’est 15 scooters, 2 voitures, un camion et 3 bus qui te passent devant, derrière et sur les côtés. Alors j’y vais, je me faufile, je m’intègre dans le banc de poissons fous et je suis le rythme. Et ça marche plutôt bien. Je pourrais même dire que je me sens, comme un poisson dans l’eau 😉.
Les Vietnamiens en deux-roues ne tournent pas la tête pour regarder dans l’angle mort. Peut-être se disent-ils que cela reviendrait à regarder dans l’angle de la mort et donc la mort elle-même ? Sans doute que cela ne leur dit rien qui vaille ! Pour ma part, je préfère quand même le regarder en face, l’angle 😅.
On est sortis de Hanoi en vie, mais on s’est fait sacrément saucés tout le long. On commence sans doute par la partie la plus désagréable du périple. Une première pause bien méritée s’impose, pour se réchauffer autour d’une soupe pour le goûter. Et on s’est raisonnablement dit qu’on allait trouver une chambre dans le coin pour ne pas forcer et surtout ne pas rouler de nuit. Super hôtel à un super prix super cassé de dernière minute à My Duc. On arrive gelés et de nuit quand même mais ravis avec une sensation de satisfaction non dissimulée et une joie tout autant non dissimulée à la perspective d’un délicieux bain chaud.
Malgré le temps gris et humide, je garde le sourire. Je suis tellement heureuse qu’on sillonne le Vietnam à moto. Les rizières sont encore boueuses mais on voit déjà le vert croquant fendre la grisaille.
Arrivée à Ninh Binh puis Tam Coc. Visite de la cathédrale de Phat Diem et des grottes de Tam Coc en barque. C’est ce qu’on appelle, la Baie d’Halong terrestre. Ici les rameurs rament avec leurs pieds !! Impressionnant ! Ils doivent avoir des fléchisseurs de hanche et des psoas de compétition !!!
Le parfum du jasmin ! Mmm ça sent tellement bon. Je me dis que j’aimerais du jasmin dans mon jardin !
Route jusqu’à Pu Luong. On entre dans le Vietnam plus retiré. On traverse des villages, aucun touriste en vue. Les enfants nous font coucou, nous devons passer pour des bêtes bien curieuses avec notre accoutrement. Après Trang An, quelle horreur, des chèvres entières rôties en bord de route.
On s’arrête pour boire un thé et faire un point sur notre itinéraire. Les habitants veulent nous aider, nous accompagner. Ils sont curieux et gentils. Une petite fille vient nous voir, elle a envie d’échanger quelques mots d’anglais. Elle se débrouille bien. Elle me pose des questions, me demande si Eric est mon mari, me dit que Pu Luong c’est très beau mais qu’il y fait froid. Elle est adorable.
La campagne est belle, les buffles sont là, comme sur les photos, les paysans travaillent dans les rizières. On découvre Pu Luong et ses rizières en terrasse. La minorité Thaï vit ici, dont les vêtements traditionnels sont essentiellement noirs avec des hauts de couleur pour les filles. Je savoure notre route, malgré la grisaille et le froid. Je souris et rends les bonjours. J’aimerais filmer ce que je vois avec mes yeux pour pouvoir le partager. On traverse des allées de bananiers et de palmiers, entourées de rizières. On assiste, curieux, aux sorties d’école, à cet attroupement de deux roues pour chercher les enfants. Voilà, il est là le Vietnam qu’on souhaitait vivre !
Rencontre de Christian et Herbert, deux motards allemands fort sympathiques. On s’est rencontrés dans notre homestay et on a partagé notre dîner. Après s’être dit au revoir le lendemain matin, on s’est retrouvés sans le vouloir à Mai Chau. Nouvelle soirée partagée au homestay, avec 3 jeunes français, autour d’un repas gargantuesque. On se dit avec Eric, si on les croise encore une fois, on échange nos numéros !
Au départ le lendemain matin, direction Moc Chau puis Son La, je me réjouis que le ciel soit haut. Il est toujours gris mais un gris clair et presque éblouissant. L’air est doux et sec, ça fait du bien. Et puis tout à coup, c’est à nouveau le brouillard épais, la brume et la bruine. On n’y voit pas à 2 mètres, c’est chaud à moto 😅. Et puis ensuite, le grand soleil ! A n’y rien comprendre, mais que c’est bon ! C’est la première fois qu’on le voit, franc et brillant, dans un grand ciel bleu. Ça vaut bien une pause pastèque sur des tabourets miniatures en bord de route ! Dégommée la pastèque, à nous deux, nos visages baignés de soleil, check ! 🤗
Sur la route de Son La à Mu Cang Chai, entre montagnes et rizières, la route est superbe. On traverse des villages, pas un seul touriste en vue depuis 2 jours. Vigilance de tous les instants, pour éviter un buffle avec son bébé, des poules et leurs bébés, des cochons et leurs bébés, des chiens et leurs bébés, un troupeau d’oies, des vaches, des enfants… On croise certaines minorités ethniques avec des vêtements traditionnels, fichu coloré sur la tête et jupe brodée. Chaque ethnie a ses propres codes vestimentaires et ses propres pratiques culturelles. Et nous avons la chance d’être spectateurs, les plus discrets possibles, de leurs coutumes.
Sur la route de Sapa, je suis transie de froid et complètement crispée sur ma moto, étreinte par une brume glaciale. Je grelotte tellement que ma moto grelotte aussi… Il faut qu’on s’arrête, maintenant… On pousse la porte d’une cahute de bord de route, glaciale mais presque chaleureuse quand même. La femme me propose un thé brûlant et du riz gluant, cuit dans du bambou et réchauffé sur le feu central. Elle me dit de le tremper dans des cacahuètes concassées. Ça s’appelle des Com Lam ! C’est délicieux !! J’en prends un 2ème, puis un oeuf, puis une saucisse. Et petit à petit, les calories me permettent de me réchauffer. Ce repas, aussi simple soit-il, a sans doute été un des repas les plus réconfortants de ma vie. J’avais envie de serrer la dame dans mes bras tellement je lui étais reconnaissante de nous avoir ouvert les portes de sa cahute glaciale, finalement pas si glaciale que ça❤️.
Nous arrivons à Sapa et traversons Sapa Town, dans des conditions toujours aussi terribles. Boue, circulation, foule, dans une ambiance très étrange de Disneyland. Quel drôle d’endroit ! Tellement touristique que plus rien n’a de sens. Les bâtiments se sont construits sans cohérence ni harmonie. Tout est surchargé de tout. Tout est bruyant et surfait. Vite nous continuons notre route pour atteindre Ta Van, petite bourgade à l’écart de la foule où nous espérons trouver une chambre chauffée avec de grosses couettes moelleuses et de l’eau brûlante.
Ta Van nous va bien. Notre chambre aussi. Le beau temps est là, d’un seul coup, adieu bonnet, gants et pull en laine ! Bonjour short et débardeur ! Il fait chaud ! A n’y rien comprendre une fois de plus. On en profite pour se poser quelques jours, travailler, écrire, se reposer, laver les vêtements poisseux qu’on porte depuis 10 jours et qui pourront sécher correctement au soleil. Nous explorons les environs à moto, en chemise légère, avec nos lunettes de soleil qu’on avait presque oubliées depuis notre arrivée au Vietnam. Quel bonheur ☀️.
La route jusqu’à Bac Ha est belle et sinueuse. Nous sommes seuls au monde sur ces routes de montagne. Il fait beau et je savoure ces instants où les pensées s’évadent, bercées par le vent et le ronronnement de ma moto. Bac Ha est un village très sympa et animé où il fait bon vivre.
La première partie de la route vers Ha Giang continue d’être magnifique. Toujours ces petites routes sinueuses de montagne. Ça secoue, concentration de tous les instants, les pensées s’évaderont plus tard… La 2ème partie de la route est beaucoup moins agréable. Retour de la circulation, des camions et des bus fous qui veulent dépasser à tout prix, même quand il y a du monde en face !!! On arrive à Ha Giang, ouf ! Vivants mais épuisés.
On se prend une petite cabane au vert et au calme. La prochaine étape est normalement le fameux « Ha Giang loop », cette boucle si réputée et si prisée des touristes intrépides. Mais la météo ne s’annonce pas bonne. Eric me propose d’écourter le voyage, de retourner tranquillement à Hanoi et de se trouver une jolie destination avec une météo plus clémente mais je ne l’entends pas. La boucle de Ha Giang était une de mes plus grandes réjouissances, un peu le clou de notre virée à moto. J’ai envie de continuer et je ne suis pas prête à renoncer après 1.500 km. Je suis à l’aise, je suis confiante. Eric plie devant mon insistance mais je sens que c’est à contrecœur.
8 mars 2024. Aujourd’hui, j’ai 40 ans. Je me dis que c’est un joli moment dans la vie pour commencer quelque chose de nouveau, que les petits soucis ne sont que passagers et qu’ils font partie de la vie. J’ai confiance en moi et je me dis que quoi qu’il arrive, ça va le faire ! 2 heures de route de montagne en épingles à cheveux. Je m’en sors super bien. Je continue de gagner en assurance. Je me dis que cette virée est une très belle expérience et une super occasion de se remettre en selle. Tout roule.
8 mars 2024. Aujourd’hui, j’ai 40 ans. Je m’attendais à une journée normale, ou disons aussi normale que puisse être une journée en tour du monde, à sillonner le Nord Vietnam à moto, en chatouillant la frontière chinoise. Autant dire que j’étais à peu près certaine que le petit gastro en tête à tête et l’hôtel cocoon ne serait pas pour ce soir 😅. Pas grave, je soufflerai mes 40 bougies une autre fois.
8 mars 2024. Aujourd’hui, j’ai 40 ans. Je me dis que mon subconscient devait vouloir quelque chose d’extraordinaire lui, dont je me souviendrai toute ma vie parce que quand j’ai glissé avec ma moto, toute seule comme une grande dans une épingle à cheveux, que le côté gauche de mon corps a joué aux auto-tamponneuses avec la chaussée et que ma respiration a été coupée nette, j’ai tout de suite compris que notre super aventure à moto s’arrêterait là.
Eric a eu très peur. Moi j’étais sous le choc. Des larmes, de douleur et d’incompréhension… Pourquoaaaa ??? J’aurais pu mourir 1000 fois sous les roues d’un bus fou ou dans un carambolage de deux-roues mais non, je n’ai eu besoin de personne. Si au moins je m’étais pris un buffle, j’aurais eu une histoire drôle à raconter ! (à condition que le buffle s’en soit sorti indemne bien sûr). Mais non… toute seule comme une grande… Je me réjouis de comprendre ce qu’il y a à tirer de cette expérience. Peut-être qu’il était tout simplement temps de s’arrêter ? Que j’étais fatiguée ? Qu’Eric avait senti qu’on était allés assez loin avec nos « mobilettes » comme il les appelait ?
Eric nous a trouvé une chambre dans le village voisin et s’est fait aider pour nous ramener, la moto et moi, toutes les deux en piteux état. Joie des déclarations d’assurance et organisation du rapatriement à Hanoi pour des examens plus poussés que ceux faits dans le village : une radio sur laquelle on pouvait observer en détail les armatures et attaches de mon soutien-gorge, mais aucunement ma côte cassée avec écrasement du poumon (c’est drôle, mais c’est quand même un peu bête… 😅).
Quelques jours de repos à Hanoi, dans une jolie chambre confortable, chaude et douillette pour se remettre de nos émotions et laisser passer les premiers jours de grosses douleurs, début d’un long processus de guérison où il n’y a rien à faire à part être patient et se reposer (super, ma spécialité 🙄).
Mais on ne se laisse pas abattre, on est à Hanoi et la gastronomie est partout autour de nous. On se réconforte comme on peut. Une bonne pizza accompagnée d’un petit vin sicilien sur fond de musique italienne ne peut que faire du bien n’est-ce pas ? 😉
Et devinez qui nous avons croisé, par le plus grand des hasards, dans une rue du vieux Hanoi ? Christian et Herbert ! Nos deux motards allemands ! Franchement, combien de chances y avait-il ? C’est décidé, on dîne ensemble le soir même, et comme on se l’était dit, on échange nos numéros de téléphone 😉.
Opération suivante, trouver un endroit tranquille pour poursuivre ma convalescence, AU SOLEIL !!! ☀️☀️☀️
Nous quittons donc le Vietnam après 5 semaines bien remplies, mais avec quand même quelques mystères non résolus :
- Le mystère doudoune-tongs. Dans le sud, alors que nous suions à grosses goutes, puis dans le Nord, alors que nous gelions sur nos bécanes, les Vietnamiens eux arboraient tous le style doudoune-tongs. Donc soit nous avons un sérieux problème de régulation de notre chaleur corporelle, soit ce sont les Vietnamiens qui disposent d’une capacité de suradaptation thermique 🤔. Le mystère reste entier…
- Le mystère des restos tout ouverts sur l’extérieur alors qu’il fait froid et que tu rêves d’un endroit fermé et chauffé pour savourer un thé brûlant. Dans les environs de Sapa par exemple, c’est la montagne, avec des chutes de neiges régulières en hiver. Mais pourquoi donc tout est ouvert partout ? Les restos, les magasins, les maisons, tout est ouvert sur l’extérieur. Donc les Vietnamiens mangent en doudoune, vivent en doudoune, et dorment en doudoune ? Pourquoi ???
- Le mystère des lits durs comme des planches en bois. Pourquoi ???
- Le mystère du rouleau de PQ sans trou, qui de fait, t’échappe des mains une fois sur deux… Pourquoi ???
- Le mystère des douches salles de bain tout en un où quand tu te douches, même avec toute la délicatesse du monde, tu inondes tout le sol, les WC et le lavabo… (et le mystère du rouleau de PQ sans trou qui t’échappe des mains une fois sur deux prend tout son sens…).
- Le mystère de l’ongle du petit doigt beaucoup plus long que les autres chez les hommes (trop trop long). Je ne suis pas sûre de vouloir éclaircir ce mystère-là 😅.
- Et bien sûr, le grand mystère de la chute des 40 ans 😉.
Et pour finir, un petit aperçu de notre itinéraire de 1 500 km à moto dans le Nord Vietnam
A bientôt pour la suite de nos aventures 😘.
J’ai vraiment savouré le Vietnam avec toi, ma Puce, sous tous ses aspects…
Merci, coquine, de ne pas nous avoir inquiétés de ta chute avant Bali, où on t’a retrouvée en grande forme !!!…
Merci mam ! Le Vietnam reste un très bon souvenir, malgré la chute ! Ça peut faire partie du voyage ! Et ça fait des trucs à raconter 😉.
Hey people!!!!!
Good mood and good luck to everyone!!!!!
Super récit sur le Vietnam ma Charlène, j’ai adoré te lire !
Je t’embrasse fort fort !
Et maintenant, A TRES BIENTÔT !
❤️❤️❤️
Merci ma Julie ! Et oui, à TRES BIENTOT ❤️