Cuba vit, au ralenti…
Cuba vibre…
Cuba se perd et se cherche…
Cuba étouffe et s’intoxique…
Cuba me laisse des émotions partagées…
Bien sûr, notre séjour à Cuba aura été trop court. Une semaine à peine ne permet pas de s’imprégner d’une culture et pourtant, une semaine à peine m’aura tout de même marquée.
Cuba, dans tous ses contrastes…
A la question : Cuba, tu aimes ou tu n’aimes pas ?
La réponse pourrait être : Et ben je sais pas…
Une espèce de douceur de vivre (en même temps par 40 degrés, on va pas trop s’exciter…) mais une douceur de vivre un peu acide quand même. Les rues sont sales et les immeubles d’habitation délabrés. Des aberrations tarifaires, tout le temps, partout, mais plus qu’ailleurs. On est des touristes ok mais bon, faut quand même pas pousser mémé dans les orties… On ressent fort la pauvreté et les difficultés, l’instabilité politique et économique avec un développement toujours plus grand des marchés noirs. Marché noir de l’argent, marché noir du carburant, marché noir de la mangue sûrement aussi…
La Havane, je m’y suis sentie très bien en arrivant, végétation luxuriante, vieilles voitures américaines qui m’ont fait penser à mon père, un petit air d’un autre temps. De chaudes journées au rythme de la musique cubaine. Des soirées à peine plus tempérées, toujours au rythme de la salsa.
Mais aussi, la pauvreté, la maigreur (loin les tacos des Mexicains dodus), les regards appuyés sur nous, les immeubles délabrés, pourtant habités, les rues pleines de déchets jetés à même le sol, les poubelles débordantes, les cafards…
Non nous n’avons pas logé dans un grand hôtel américain, climatisé à 16 degrés… Nous avons pris un air bnb dans un quartier populaire proche du centre, au milieu des locaux, chez Caroline et David. Elle est Anglaise, lui Cubain. Rencontrés et aimés à Cuba, partis vivre en Angleterre. Leur appartement est géré par Isabel, la mère de David qui n’était pas là et Julio, son compagnon.
Julio nous a accueillis avec son grand sourire, son chapeau et toute sa générosité. Cubain pure souche depuis 60 ans, il s’est plié en 4 pour tout nous faciliter. Il nous a offert son temps et sa bonne humeur. Il nous a fait arpenter La Havane dans tous les sens, permis de bien manger, de prendre des taxis illégaux sans nous faire (trop) avoir… Sa présence avec nous tout au long du séjour a été un immense plaisir.
Il nous a raconté la Cuba d’avant. Les resto bon marché tenus en association avec le gouvernement. La Cuba d’aujourd’hui où la majorité des resto sont privés avec des tarifs adaptés aux touristes, ce qui ne permet plus aux Cubains modestes de sortir « parce que les prix sont les mêmes pour nous tu sais ! » Il nous a emmenés dans un resto gouvernemental un soir, à notre demande. La carte comportait 6 plats, dont 3 n’étaient pas disponibles. Pas d’eau gazeuse, pas de limonade. Par contre, la clim à 16° fonctionnait super bien. Elle a achevé de transformer mon début de rhume en sinusite carabinée.
Julio, il aime profondément son île mais quand même « tu sais Charlène, Cuba, c’est compliqué ! »
Cuba, dans tous ces contrastes, encore…
Une image malheureusement bien triste restera gravée… Un choc à me donner la nausée… Sur la magnifique plage de Santa Maria del mar. Pas de photos, pas de vidéos, je n’ai pas voulu immortaliser ni l’image ni le son de ces scènes de vue inconcevables pour nous.
Imaginez une plage paradisiaque, faite d’un sable blanc d’une incroyable finesse, aux eaux translucides, d’une palette de bleus à couper le souffle, le tout souligné par une végétation luxuriante et d’immenses cocotiers. C’est bon, vous l’avez ?
Maintenant, vous y ajoutez des milliers de cubains venus avec toiles de fortune, glacière et sono (non non, pas la vieille gratte, la trompette et les maracasses, la grosse sono qui crache comme elle peut un son aussi fort que mauvais)…
Et cette merveilleuse plage, ce bijou que les Cubains ont entre les mains, se transforme en dépotoir, visuel et sonore. Des centaines de canettes, jetées dans la mer, jetées sur le sable, enterrées par les enfants qui jouent avec… oui la nausée… j’avais envie de hurler ma colère quand un homme, nous regardant tout sourire, a rempli sa cannette d’eau de mer pour la jeter aussi loin que possible dans la mer (sans doute pour nous impressionner… c’est peut-être comme ça qu’on drague à Cuba…) Nous nous sommes baignés une demi-heure, yeux fermés et oreilles dans l’eau, avant de reprendre la route du retour. Quelle tristesse…
Trinidad, magnifique ville coloniale située sur la côte sud de Cuba, à 315 km de la Havane. Elle est belle Trinidad, elle est touristique, j’ai eu l’impression de moins ressentir la pauvreté. Et encore que, une fois sortis des jolies ruelles pavées du centre…
Nous avons fait le choix, judicieux ou pas, de loger à Casilda, petit village situé à mi-chemin entre Trinidad et la belle playa Ancón.
Inconvénient : bien que ce ne soit pas trop éloigné, pour aller d’un côté comme de l’autre, il nous fallait un transport. Et autant dire qu’on en a bavé niveau transport à Cuba. Le prix du bus, du taxi (légal ou illégal), de la calèche, du tuktuk vélo, peut facilement faire x10, en fonction de… euh ben ta couleur de peau ? Ou peut-être celle des yeux ou des cheveux parce qu’Erin et moi, on était quand même déjà bien bronzées…
Avantage : Avec les chaleurs étouffantes de Cuba, on avait une énorme piscine rien que pour nous à Casilda ! Et les bains de minuit après les galères du retour de Trinidad ont été plus que savourés.
À Trinidad, nous avons rencontré Adrian, jeune étudiant cubain qui parlait un français tout à fait charmant et qui était aux anges de pouvoir s’exprimer dans la langue de Molière. Il était notre serveur dans un resto un soir. Nous savions que nous allions galérer à rentrer à Casilda (puisque ça avait déjà été le cas la veille) A 23h, nous avons donc voulu anticiper 😅 en lui demandant s’il pouvait nous appeler un taxi. Après 20 bonnes minutes, il nous annonce qu’avec ses collègues, ils n’ont trouvé personne mais qu’il peut nous accompagner jusqu’à l’endroit où on est censé les trouver. Il avait envie de papoter. Il nous a parlé de l’école gratuite à Cuba, des 3 belles universités qui permettent à tous d’étudier, de son incompréhension que les Cubains n’en profitent pas plus. Que la facilité les conduit à préférer organiser des tours de toutes sortes avec les touristes. Surtout avec une telle instabilité des tarifs. Il nous a parlé du comportement des Cubains et des nuisances sonores, en parlant très fort… 😂
Adrian, il aime profondément son île mais quand même « tu sais Charlène, Cuba, c’est compliqué ! »
LES MOMENTS FORTS DE CUBA (mais oui, quand même !)
- Les groupes de musique cubaine dans les bars et les resto ! Quelle énergie, quels rythmes, quelles vibrations !
- La soirée au Sibarita Bar de La Havane avec Julio (on s’est régalés !)
- Las Palmas, le super logement avec piscine de Jorg l’Allemand à Casilda (mais pas Jorg 😂)
- Quand Erin et moi avons été invitées à rejoindre le groupe de musique dans un resto de Trinidad un soir ! A nous les maracasses et le guiro ! Beaucoup de plaisir !
- La dégustation des fruits dans le taxi retour de Trinidad (des mamón)
- Le vieux chanteur à la guitare sur le malecón un soir qui a chanté en nia nia nia avec ses quelques dents l’été indien de Joe Dassin. La seule chanson française qu’il connaissait. Julio l’accompagnait en la la la et moi je connaissais les paroles. Grand moment d’émotion pour moi avec la petite larmouille qui veut s’échapper.
ET LES PLANS FOIREUX ALORS ???
- L’arnaque au taxi
- L’arnaque au change
- L’arnaque aux achats
- L’arnaque aux fruits
SCÈNES DE VIE :
À la Havane
– C’est combien un taxi pour aller à Trinidad ?
– 180 €
Waouh c’est super cher… Bon avec les problèmes politiques et l’embargo américain, c’est difficile on le sait. On n’est jamais vraiment sûr d’arriver à bon port, faute à la panne d’essence… Allez ok, à ce prix-là, ça devrait le faire…
À Trinidad
– C’est combien un taxi pour aller à la Havane ?
– 100 €
Ah ben c’est presque la moitié qu’à l’aller… Bizarre, ça sent l’arnaque… Voiture pourrie ? 8 dans une voiture pour 5 ? Pas assez d’essence ? Taximan psychopathe ?
On arrive à bon port, en vie. 100 €, c’est bien aussi finalement…
Playa Ancón au Sud de Trinidad. Il y a à côté de moi un vendeur de mangues et de noix de coco. Je bave d’envie devant les magnifiques mangues qui m’appellent de leur petite voix suave (mangez-moi, mangez-moi, mangez-moaa… avec la mélodie hein !) Je me souviens que Julio m’a parlé de la folie des prix et qu’il me parlait des mangues justement. Il y a quelques années, la mangue coûtait 5 pesos mais maintenant, elle peut atteindre 100 pesos ! Ok j’ai ma base ! Jusqu’à 100 pesos, c’est ok.
Je me lance :
– Cuánto cuesta el mango por favor ?
– 400 pesos.
Hein ? J’ai du mal comprendre.
– Cuanto ?
– 400 pesos.
Ah nan j’ai bien compris…
– Waouh, es muy caro !
– 300 pesos (environ 2 secondes 1/2 après)
– No es demasiado caro !
– 200 pesos (moins de 1 seconde après ce coup-ci)
Ben non, je n’aurai pas ma mangue. Plus envie de négocier et lui, il aura préféré ne pas me la vendre que de me la vendre à un prix normal, au risque qu’elle finisse pourrie dans un fossé…
Trinidad, 23h, à la recherche d’un taxi avec l’aide d’Adrian pour rentrer à Casilda (5 km de route non éclairée plus ou moins habitée dans des logements plus ou moins délabrés… Disons qu’on n’est plus ou moins pas vraiment rassurés…)
– Cuánto es ?
– 25 €
– 25 € por 5 km ?
– Son las 11 de la noche…
– 15 € ?
– Ok vamos !
Quelle nouille, j’aurais pu tenter 10…
Mais nous voilà partis en vieille américaine bleue et ça, c’était vraiment trop cool !
ET POUR FINIR, UN PETIT APERÇU DE NOTRE TOUT PETIT ITINERAIRE A CUBA
Suivez aussi Colette dans son voyage à Cuba !